DISGUSTING FOOD NANTES
DISGUSTING FOOD à NANTES, c’est une exposition imaginée en Suède, qui se délocalise momentanément et rassemble 80 aliments du monde entier, dont une dizaine à déguster (sur réservation) afin de nous questionner sur la dimension culturelle de notre perception de l’alimentation.
Alors, tout de suite, on vous met au parfum (de vomi), et en lisant la liste des plats, on se dit que finalement, ça serait peut-être bête de casser cette dynamique.
Je vous propose de commencer avec du fromage, du fromage sarde, le SU CALLU. Alors, outre son goût très puissant, la particularité de ce fromage est qu’il est obtenu en tuant un chevreau qui vient de téter le lait de sa mère mais qui n’a pas eu le temps de le digérer.Le contenu de l’estomac du chevreau est récupéré pour régaler vos papilles, chers amis gourmets…Voilà pour vous mettre dans l’ambiance
Passons ensuite au Durian,ce fruit asiatique a une texture très fraîche, que j’ai trouvée proche de l’ananas. Quant à l’odeur, sachez qu’il est interdit de transporter ce fruit dans les transports en commun…
La root beer, boisson non alcoolisée américaine est originellement réalisée avec des racines de sassafras cancérigènes. Aujourd’hui, elle est réalisée à base d’arômes et de parfums artificiels. Ce qui revient au même…
Pour faire glisser tout cela, un peu de jus de choucroute, apparemment bourré de qualités nutritives, puisqu’on peut en trouver dans les magasins bio. Dans les Pays de l’Est, c’est ce qui remplace le jus d’oranges du matin…
Tellement cliché pour les palais européens,il se devait d’être là, l’Oeuf de Cent Ans (qui finalement n’a pas 100 ans). Les œufs sont conservés dans un mélange d’argile, de chaux vive, de cendre, de sel et de cosses de riz pendant plusieurs mois. Le blanc devient noir, et le jaune devient un dépôt visqueux gris ou vert. Du coup, vous avez une consistance moelleuse et une couche plus gélatineuse.
Pour l’odeur,d’accord, ça fait vieux cercueil qu’on ouvre,mais pour le goût, ça se rapproche du soufre…
Le VEGEMITE nous est présenté comme un mets australien à base de levure et de sel,que l’on étale sur les tartines…Personnellement, une mini-lichette nous a définitivement convaincus de la supériorité du classique beurre salé-confiture pour le matin
Le plat suivant, je reconnais que je n’ai pas pu, entre le mélange des odeurs et les autres aliments pas encore complètement digérés, j’ai fui. J’assume, je suis pas courageuse, ok. Monsieur a testé, il a fortement regretté…Il n’a pas trouvé de mots pour décrire, par contre j’ai distinctement entendu « atroce,infect,gerbant,immonde » parmi les goûteurs…
On achève cette dégustation sur une note sucrée : de l’essence de musc, de la gélatine et du sucre… miam hein ? Bon alors le musc initial provenait des sécrétions glandulaires de cerf, et a été remplacé par un musc synthétique. On a noté un très fort goût de floral ! pas désagréable après tout ce qu’on a respiré/goûté avant
Avec la satisfaction de ne pas avoir utilisé nos sacs à vomi, nous passons désormais à la visite de l’expo, littéralement prises d’assaut
Commençons par une rubrique que je pourrais intituler « mais qu’est ce que ça fait dans Disgusting Food ? «
Hé oui, j’aime la Jelly, alors c’est pas du tout disgusting pour moi…
Le Black Pudding, c’est quelqu’un qui n’y a jamais goûté qui a mis ça là ?
On passe aux choses sérieuses avec une petite brochette de larves de charançons de palmiers, peuvent se manger crues ou cuites, il parait que c’est excellent au goût. Par contre, prenez tout de suite votre billet pour Lima si vous voulez en goûter…
Et tant que vous serez là-bas, pourquoi ne pas aller à un festival gastronomique ?
Conseil : préférez les cuisses, frites ou grillées…
Toujours dans le même secteur géographique, un saut (de grenouille) au lac Titicaca…
Pourquoi un mixer ? mais pour obtenir un vrai jus de grenouille tiens… On la dépouille, on la lave, on la mixe avec de l’eau, des œufs de caille, du miel, des plantes…On passe au chinois pour enlever les petits os, et on boit ce viagra local, d’aspect vert et mousseux.
On se déplace au Mexique, et on oublie les fajitas et autres tacos vendus en grande distribution, avec ces « Paletones de cajeta », autrement dit, des sucettes au lait de chèvre. Ce qui me laisse perplexe, c’est que la description dans l’expo parle de « lait de bouc »…
L’or noir ou truffe mexicaine en conserve… non il s’agit tout simplement de grains de blé attaqués par le charbon du blé. Le grain gonfle et devient bleuâtre. Il se mange dans des quesadillas, des soupes ou des burritos et une fois cuit, il se transforme en bouillie « semblable à du goudron ». Mais c’est très cher…
De loin, ça ressemble à du pop corn, de près, plutôt à un insecte qui se faufile partout, et connu pour sa propension à l’élevage de pucerons sur vos rosiers… Ici la »fourmi tisserande velouteuse » s’appelle aussi « fourmi à l’odeur de pet ». Les œufs sont frits avec des épices et ont parait-il un goût de beurre et de noisette avec une texture de fromage blanc. Alors, toujours partant pour ces vacances à Mexico?
Allons maintenant aux Etats-Unis, et découvrons que le SPAM n’est pas seulement du courrier indésirable, mais un aliment à base de porc, très gras, et fort utilisé pour nourrir les soldats américains durant la Seconde Guerre Mondiale (pas besoin de la conserver au frais). L’odeur fait penser à de la nourriture pour chat. Personnellement, j’ai trouvé que visuellement ça ressemblait à du corned beef (que j’adore). Et pour les fans ultimes, il existe un musée du SPAM dans le Minnesota !
Curieusement nommées Huîtres des Montagnes Rocheuses, je ne crois pas utile de vous dire ce que sont en réalité les Rocky Moutain Oysters. Sachez qu’on les mange pelées, écrasées à plat, roulées dans la farine et les épices et frits. Le goût s’approche du calamar frit.
Un détour en Afrique du Sud, avec un mets servi dans les bars en guise d’amuse-bouche, des sauterelles à croquer…
Alors le plat suivant ne paie pas de mine ok, et ce ne sont que quelques graines, mais des graines de caroubier fermentées, utilisées comme condiment, malgré une « odeur de pied puant la sueur« …
Petit tour au Pays du Soleil Levant, avec pour commencer, des sacs à sperme de poisson, un mets d’hiver qui se traduit par « enfants blancs ». C’est en effet plus vendeur. On mange ce plat cuit à la vapeur ou cru avec du riz. N’empêche, si on sait pas ce que c’est, on trouve ça très appétissant…
Ça vous rappelle une scène de film non ? si je vous dis montagne et combinaisons de ski…
Bon, allez, les Bronzés n’ont rien inventé, mais les japonais ont même quand même une longueur d’avance côté raffinement : Le serpent est réfrigéré jusqu’à ce qu’il finisse par mourir, puis vidé, recousu et inséré dans la bouteille (un mélange de vin de riz et miel). Une fois dégelé, le serpent se réveille un bref instant avant de mourir dans une pose saisissante. Je vous avais bien dit qu’il y avait de la recherche… des artistes nos amis nippons !
Vous prendrez bien un peu de bactérie ? Celle-ci se trouve dans le sol et dans le tube digestif des humains et des animaux végétariens. Comme c’est un super probiotique,il est plutôt dégusté au petit-déjeuner, après avoir remué les graines collantes avec une baguette, et malgré des arômes de chaussettes sales et de déchets chauds. Alors, c’est qui l’ami du petit-déjeuner ?
Un peu de gaufrette version Japon, au wasabi ,à la sauce soja, au thé vert, et à la patate douce violette. Je reconnais qu’on s’attendait à pire.
Allez, comme je sens que vous êtes bien dans l’ambiance, je vais faire monter la température d’un cran, nous voici en Chine…avec une soupe à la tortue. Partie la plus appréciée : les pattes…
Le morceau suivant, comment dire, s’appareille fort bien avec les Rocky Moutain Oysters des Etats-Unis. L’urètre est coupé (on fait pas les malins hein messieurs…) pour éviter l’odeur d’urine, ensuite on blanchi la chose dans de l’eau chaude, et on retire la membrane extérieure (comme un préservatif).
La qualité de la photo suivante est un peu décevante, mais ce sont des têtes de jeunes lapins bouillies aux épices. On privilégie la viande très tendre des joues et on mange aussi les globes oculaires. Le caractère visqueux de la langue ne doit pas vous arrêter non plus….Pour la cervelle, on la mange directement dans le crâne, comme un Bolino…
Restez encore un peu, et admirez, à défaut de goûter, ce vin de riz, dans lequel des souriceaux à peine nés sont plongés. Malgré une odeur incroyablement forte et un goût d’animal pourri, on se bouche le nez et on boit ce médicament réputé lutter contre l’asthme et les maladies rénales ! L’aspect vous rebute ? passez plutôt à la boisson suivante alors…
Beaucoup moins spectaculaire que la précédente, cette dernière boisson s’appelle « Three penis liquor ». 3 sortes de pénis brassés dans une seule bouteille : phoque, cerf et chien…En médecine traditionnelle, cette boisson est utilisée pour les hommes un peu « défaillants »… Son odeur très intense la rend impropre aux cocktails. Dommage…
Point d’orgue de ce voyage en Chine, le Monkey Brain…Le singe serait placé dans la cage au milieu, avec la tête maintenue en place, pendant que le serveur ouvrait le crâne que les convives mangeaient, au milieu des convulsions de l’animal. Bon, apparemment, il y a des chances pour que ce soit une légende urbaine. On l’espère très fort…
Un petit tour en Indonésie, avec le café le plus cher du monde. Dans la nature, de petits animaux ressemblant à des chats mangent des cerises de café mûres. Ces graines en partie digérées sont récoltées dans leurs excréments. On pense que les enzymes de l’appareil digestif de ces animaux donnent au café un arôme exquis. Cependant, pour la production industrielle de ce café, les animaux sont gavés et parqués dans des conditions épouvantables. On va donc rester au café Grand Mère.
Un dernier clin d’oeil au continent asiatique avec la Mongolie, et une soupe aux yeux de mouton (marinés dans du vinaigre et jus de tomate). Excellent remède contre la gueule de bois parait-il
Pour goûter le plat suivant, vous aurez le choix entre l’Arménie, l’Iran, l’Afghanistan ou l’Irak… Il s’appelle KALE PACHE mais on pourrait l’appeler « Dans le mouton tout est bon » puisqu’on utilise la tête, les pieds et l’estomac du mouton. La tête et les sabots sont conservés dans l’eau froide plusieurs jours, puis bouillis une nuit entière (pour réduire l’odeur). Les yeux sont huileux, la langue est poudreuse et le cerveau est tendre et a pris le goût du bouillon. Maintenant que vous avez la recette, vous pouvez préparer ce plat pour dimanche prochain.
Un tour sur l’Ile de Guam (pas très loin des Philippines), avec les ingrédients nécessaires pour réaliser une soupe à la roussette du Guam. A la cuisson, l’odeur ressemble très fortement à de l’urine, mais il parait que le goût de la viande ressemble à du poulet. Cependant, les chauves souris accumulant des niveaux de toxines dangereux dans leur alimentation, si elles sont surconsommées par des êtres humains, il y a un risque de développer une maladie dégénérative mortelle semblable à la sclérose en plaques, Alzheimer ou Parkinson. Mon conseil : abstenez-vous.
On reste aux Philippines avec le Balut, un œuf de canard à la coque avec un fœtus partiellement développé. De la street food… on boit d’abord le bouillon (liquide amniotique) puis on mange le fœtus et le jaune. Rassurez-vous, le bec, les plumes et os sont assez mous pour être mangés aussi.
Un tour au Groenland, avec du phoque fourré… Explications et recette : prenez un phoque et éviscérez-le, fourrez-le de mergules (petits oiseaux arctiques), vous pouvez en mettre plusieurs centaines par phoque. Recousez-soigneusement le phoque et recouvrez-le de graisse pour éviter que les mouches ne viennent. Laissez fermenter. Quand c’est prêt, mangez le kiviak en arrachant d’un coup de dent la tête de l’oiseau et en suçant ensuite le jus plein de saveurs. Voilà. Ça aurait de l’allure cette recette sur Marmiton…
On reste dans le Grand Nord avec cette recette de glace façon Alaska. On fouette de la graisse animale (caribou, poisson, élan, phoque, morse…) avec des baies et de la neige fraîche. On peut rajouter des pommes de terre, mélanger différentes graisses, bref chacun personnalise, mais la texture reste celle d’un chewing gum avec un arrière goût huileux.
On finit par un grand classique, le CASU MARZU, qui est un pecorino dans lequel on laisse s’installer des mouches dont les larves se régalent du fromage et dont les enzymes décomposent les graisses. Les excréments des larves sont un fromage à pâte molle semi-liquide et partiellement digéré. Mais il ne faut pas manger l’asticot vivant et il faut se protéger les yeux des larves qui sautent car elles peuvent survivre à l’intérieur du nouvel hôte et faire des trous à travers les parois intestinales. On se demande bien pourquoi ce fromage est interdit en Union Européenne.
Ainsi s’achève la visite de cette expo fort intéressante, très puissante visuellement et olfactivement… Des centaines de visiteurs, plus d’une heure de queue, ce dimanche d’octobre, des gens intéressés et attentifs, on regrette juste le caractère très très éphémère de cette expo (25 septembre-3 novembre).
Pour info
– Le spam dans les mails s’appelle comme ça pour faire référence aux boîtes de SPAM, le pseudo jambon du reportage qui étaient balancées en masse depuis des avions sur des zones de guerre, à l’instar de ces mails diffusés à grande échelle.
– Le pseudo mythe de la table trouée pour y faire dépasser le haut du crâne d’un singe enchaîné n’en est pas un. Chacun des convives disposant d’un maillet pour aller fracasser le crâne et d’une cuillère à entremet pour goûter à la cervelle chaude du singe encore presque vivant. Cette pratique du nord de l’Inde est rare mais est toujours présente. Outre, dans le film d’Indiana Jones, un documentaire existe dans le film « Faces of death » de John Alan Schwartz 1978.